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Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi je dis à écouter ce journaliste en économie, que si François Fillon devait devenir le prochain président de la république, à moins d'un miracle on irait droit dans le mur et pour très longtemps. Les spéculations de ce genre ne sont pas la marque de François Hollande. C'est un homme pragmatique, qui depuis cinq ans soupèse chacune de ses décisions en matière économique, sociale et de politique extérieure. Je tiens à rester objectif mais je n'ai pu m'empêcher de souligner certains passages, qui montrent indubitablement à quel point les politiques actuels de droite jouent avec le feu et notre avenir, se moquant bien de ce que peuvent devenir les personnes aux revenus moyens et de surcroît les plus démunis.

 
Y.C. : 7h39, LENGLET-CO avec vous, François Lenglet.
F.L. : Bonjour à tous !
 
Y.C. : Un programme économique comme celui de François Fillon, François, a-t-il déjà été appliqué chez nos voisins ?
F.L. : Oui, plusieurs pays sont passés par des cures de cette nature. La plupart du temps, soit d'après une crise des finances publiques, c'est le cas de la Suède au début des années '90, ou du Canada un peu plus tard, ou bien après une crise économique, ça c'est l'Angleterre au début des années '80, ou l'Allemagne dans les années 2000. A chaque fois les recettes sont voisines : réduction violente de la dépense publique. Au Canada par exemple, les ministères ont eu l'obligation de réduire leurs dépenses de 25%. C'est pas rien, hein !? Et puis réforme du marché du travail pour introduire de la flexibilité. Et enfin baisse d'impôts sur les entreprises.
 
Y.C. : Alors quels ont été au bout du compte les effets ?
F.L. : Ce qui est frappant c’est que l’effet immédiat de ces réformes est toujours récessif, c’est à dire qu’il fait baisser la croissance, dans un premier temps. Pour deux raisons. Un, la réduction des dépenses publiques diminuent la croissance, le temps que l'investissement des entreprises prennent le relais. Et puis la flexibilité sur le marché du travail, ça se traduit par une montée du chômage, parce que tous les licenciements retenus auparavant, sont mis en œuvre. L'Allemagne par exemple, elle est en croissance zéro durant tout le temps de ses réformes de 2003 à 2005. Et son chômage passe alors de 9,5% à 11,5%. La Suède aussi connait trois années de récession à cause de la crise elle-même, bien sûr, et puis des réformes qui la suivent.
 
Y.C. : Ça veut dire que les effets positifs ne se produisent qu’à moyens termes !?
F.L. : Oui, c'est ça, et c'est d'ailleurs ce que ne dit pas François Fillon. Y'a toujours une période difficile. Et encore, la Suède et le Canada ont profité de circonstances favorables, que la France ne pourrait pas connaitre ! Ils ont pu tous les deux dévaluer très fortement leurs devises pour accompagner les réformes et compenser le choc sur la demande. En dévaluant, il ont profité d'exportations plus avantageuses. La demande extérieure, celle des partenaires commerciaux des deux pays, a pu ainsi prendre le relais de la demande intérieure déficiente. Et bien sûr la France ne pourra pas utiliser le même levier, si elle se trouvait dans une situation voisine, à cause de l'Union monétaire. De plus, Suède et Canada avaient fait ces réformes à l'aube d'une longue période de croissance mondiale.
 
Y.C. : Mais une fois passé le cap difficile ces réformes ont-elles amélioré la croissance et l'emploi ?
 F.L. : Oui, c'est particulièrement vrai dans le cas de la Suède, qui a connu une vingtaine d'années de succès ensuite. Au Canada, également, la situation s'est améliorée, avec un excédent budgétaire, une dette qui a fortement baissé. Dans les deux cas, toutefois, quand on regarde de près, il faut dire qu'il y a bien sûr eu d'autres facteurs qui ont joué. L'économie ça n'est pas une mécanique pure ! En Allemagne, les conséquences ont été doubles : forte baisse du chômage, au prix du développement de ces fameux mini-jobs, souvent mal payés, et puis retour à l'excédent budgétaire.
 
Y.C. : En France a-t-on jamais essayé cette thérapie de choc ?
F.L. : L'expérience la plus brutale de réduction des dépenses publiques a été catastrophique. C'était en 1935, avec ce qu'on a appelé la déflation Laval. C'était quelque chose, hein !? Réduction autoritaire de 10% de la dépense publique et du salaire des fonctionnaires ! Pendant la crise des années '30. Sans dévaluation, la croissance s'est effondrée, c'était des circonstances économiques assez particulières, il faut le dire.
 
Y.C. : En effet !
F.L. : Et tout cela a provoqué l'arrivée du Front Populaire. L'autre expérience beaucoup plus douce, et beaucoup plus réussie, ça était la première cohabitation avec Jacques Chirac à Matignon en 1986 : privatisations, abolition du contrôle des prix qui datait de 1945, suppression de l'autorisation administrative de licenciements, suppression de l'IGF, c'était l’ancêtre de l'ISF. Là encore, le plan est accompagné de deux petites dévaluations vis-à-vis du mark, et là encore la conjoncture mondiale est excellente, ce qui permet à la France de Mitterrand de rebondir fortement au tournant des années '90.
 
Y.C. : François Langlet, pour LANGLET-CO !