Non moi ce qui me chiffonne dans tout ça, c'est que nous connaissions de nouveau ces heures où d'ignobles personnages, qui usent de leur pouvoir au sommet de certains États, reçoivent, non seulement des gages de respectabilité, ce dont nous sommes coutumiers du fait, mais plus gravement une légitimité leur octroyant le droit de s'exprimer librement.
L'analyse, tardive, de la montée en puissance de Donald Trump, donne une chance à la France de ne pas voir le phénomène se renouveler intramuros. Parmi les mécanismes de cette réussite, un principe a visiblement été négligé, voire ignoré, celui des mouvements qui naissent et se répandent sur Internet. On pourrait d'emblée préciser que ces gestations sont parfois bénéfiques au bien-être individuel, mais force est de constater que l'occultisme s'y exerce le plus souvent et qu'en masse on s'y rassemble pour véhiculer, dans le meilleur des cas son ressentiment ou ses passions pour toutes choses, et dans le pire les idéologies qui ont conduit l'Humanité à commettre les plus effroyables atrocités à son encontre.
Ces sphères échappent à tout contrôle et nous devrons à l'avenir compter sur leur présence dans le débat électoral, si nous ne voulons pas qu'elles submergent les prochains scrutins, j'entends celui des primaires de la BAP (Belle Alliance Populaire), de l'élection présidentielle et des législatives qui s'ensuivent. Cela nous laisse un laps de temps suffisant pour s'organiser, car dans ces espaces les choses peuvent devenir exponentielles en un temps record. Il est par ailleurs devenu inutile de se contenter de repérer les leaders qui animent des rassemblements se produisant dans un monde quasi éthérique, pour suivre leur développement. Quand bien même on parviendrait encore à pointer du doigt tel orateur et lui interdire légalement d'appeler ses ouailles au retournement du modèle social qui nous fait vivre correctement les uns avec les autres, ce dernier, comme cela vient de se produire en la personne d'Alain Soral, se retranchera derrière une webcam et son propos se démultipliera d'autant plus rapidement sur les réseaux sociaux.
Les prochains mois vont nous octroyer la satisfaction du devoir accompli. Notre mission sera de jouer à armes égales, car c'est probablement, que dis-je, très certainement la seule façon de limiter leur influence, au point de les empêcher de nuire en représentant une tendance insaisissable de l'opinion publique.
Chacun(e) doit prendre résolument conscience du véhicule qu'on peut diriger sur les autoroutes de l'information.
Aucun complexe générationnel ou de situation sociale, et j'ose le dire aucune excuse, ne saurait être retenue dans ce difficile combat qui nous attend, et chaque personne a le pouvoir d'être une voie de recours à l'ignominie. Songeons aussi que la guerre civile serait à nos portes si de telles échauffourées devaient prendre place dans la réalité. Au lieu de cela, grâce à l'engagement, dans ce monde certes incompréhensible pour la plupart d'entre nous, mais tellement efficace, le mal restera virtuel et n’empiètera pas sur la réalité. Commentaires, statuts, partage et appréciations remplaceront gourdins, matraques et battes de base-ball ou de hurling, nos mots liquéfieront l'imbécilité rendue prisonnière des barrage de notre expression verbale, par une multitude de commentateurs du devenir de deux mondes en passe de communiquer efficacement.
Valentin Jaunet